EVENEMENT – Fraternité en Irak a eu la grande joie d’accompagner Mgr Petros Mouché pour la toute première messe célébrée dans la grande ville chrétienne de Qaraqosh, tout juste libérée de Daech. Retour sur cette célébration historique.
Les chrétiens d’Irak, et notamment ceux de la plaine de Ninive, attendaient ce moment depuis plus de deux ans. Dimanche 30 octobre, c’est avec un large sourire que Mgr Petros Mouché, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, s’avance vers la cathédrale Al-Tahira, à Qaraqosh. Après en avoir longuement baisé le sol, il entre dans son église et la bénit. Rapidement, pendant que ses prêtres dressent un autel sommaire, l’archevêque revêt ses habits de fête. Il faut dire la messe !
Elle commence au milieu d’une cinquantaine de personnes dont une bonne moitié de soldats. Le symbole est immense : Daech occupait la ville quelques jours auparavant, et certains de ses jihadistes sont toujours présents cachés dans certains quartiers.
L’église transformée en école de tir
Avant d’être défait par l’armée irakienne, l’ennemi a mis le feu à la ville et la cathédrale n’a pas été épargnée. Daech a aussi détruit les croix, les statues et toutes les images pieuses de façon systématique. Les lieux ont servi d’école de tir aux apprentis djihadistes. Au moment de la communion, on entend même les bruits causés par des personnes marchant sur des douilles.
Sous les yeux de la vierge Marie redevenue maîtresse des lieux par sa présence sur l’icône du maître-autel, Mgr Petros Mouché fait ensuite le tour des églises de Qaraqosh pour les bénir et faire un état des lieux.
« La joie et les larmes »
L’évêque ainsi que les prêtres qui l’accompagnent répéteront souvent qu’ils éprouvent des sentiments « entre la joie et les larmes ». La joie de rentrer enfin chez eux mais aussi la tristesse de voir détruit cet endroit qu’ils aiment tant. Le cortège sous tension parcourt la ville avant de rentrer, provisoirement, à Erbil.
« C’est un honneur et une joie d’avoir pu assister à cette messe de retour à Qaraqosh, témoigne Jean Vallette d’Osia, vice-président de Fraternité en Irak. Nous avons retrouvé avec émotion des lieux que Fraternité en Irak connaît bien pour y avoir séjourné plusieurs fois depuis 2011. Il faudra beaucoup de courage aux chrétiens de la plaine de Ninive pour reconstruire leurs villages et rentrer chez eux. Fraternité en Irak fera tout pour les aider. »