PORTRAIT – Grâce au programme de relance économique porté par Fraternité en Irak, Nadjah a pu rouvrir sa boulangerie, qu’il avait abandonnée au moment de l’exode de 2014. Aujourd’hui, sourire et bonnes odeurs sont revenus à Bartalla.
Tout dans la personnalité de Nadjah laisse transparaitre sa passion pour son métier. Homme imposant à la voix forte, ce boulanger est impressionnant de détermination. Il ne ménage pas sa peine : la journée commence pour lui à quatre heures du matin et ne termine qu’après 22 heures !
Au sein d’une boulangerie familiale, Nadjah a appris le métier de son grand-père et de son père et transmet à son tour son savoir-faire et sa passion à ses fils. Alors que nombre de boulangers optent par confort pour les fours électriques, lui a toujours tenu à conserver les méthodes traditionnelles pour fabriquer ses deux types de pains : le « samoun » et le « khoubous ». Four en briques pour les premiers, four en terre et foin pour les seconds.
khoubous
samoun
Très reconnue pour la qualité de ses pains, sa boulangerie employait 16 personnes avant l’exode de 2014… Comme tous les autres, Nadjah a dû fuir à l’arrivée de Daech et abandonner toute sa vie, alors qu’il venait d’emménager dans sa nouvelle maison acquise et rénovée grâce au dur labeur et aux longues journées de travail. Il ne reste aujourd’hui plus rien des 172 000 $ investis…
A Erbil, dans le quartier d’Ankawa, en plein exil, il faut trouver un moyen de survivre et c’est tout naturellement qu’il décide de s’associer avec ses frères pour remonter une boulangerie traditionnelle. Les ventes ne permettent pas toujours de couvrir le loyer. Le désir de rentrer à Bartella, sa ville d’origine, située à 20 km de Mossoul, se fait de plus en plus pressant. Après la libération de la plaine de Ninive, Nadjah décide alors de s’y rendre tous les deux jours pour remettre lui-même en état ses anciens locaux… il parvient même à se réjouir qu’ils n’aient pas brûlé. Quelle résilience !
Devant tant de détermination, Fraternité en Irak n’a pas hésité à le soutenir dans son projet. Sa boulangerie traditionnelle a donc pu ré-ouvrir en juin dernier. Pour assurer son succès, ce commerçant chevronné a mis en place une opération promotionnelle : distribution gratuite, suivie d’une offre incroyable : un lot de pains offert pour un acheté… Sa stratégie a merveilleusement bien fonctionné ! Et c’est désormais avec 200 kilos de farine par jour, six employés et quatre de ses fils que Nadjah commercialise ses petits pains aux habitants de Bartella et les villages alentours. Il fournit également sept restaurants. Il espère ainsi revenir bientôt à son niveau de production antérieur, soit une tonne par jour !
Outre sa passion pour son métier, ce boulanger hors pair transmet à tous ses clients et visiteurs son inconditionnel sourire et sa joie de vivre ! Bravo et bonne continuation !