5 questions à Aude en mission d’un an pour Fraternité en Irak
INTERVIEW – Aude est responsable du programme de relance économique de la plaine de Ninive. Sa mission est de veiller à ce que les dons des donateurs de Fraternité en Irak soient utilisés de la façon la plus efficace possible. Depuis presqu’un an, elle gère les demandes d’aide des entrepreneurs des villes de Qaraqosh, Bashiqa et Bartalla qui souhaitent reprendre leur activité.
Aude, qui êtes-vous et pouvez-vous nous parler de ce que vous faites avec Fraternité en Irak ?
J’ai 29 ans, je suis diplômée d’un Master en Ressources humaines et j’ai travaillé pendant plus de 3 ans en entreprise à Paris, avant de démissionner pour partir en mission avec Fraternité en Irak. Ma mission dure un an pendant lequel je suis responsable du programme de relance économique dans la Plaine de Ninive, cette grande plaine qui entoure la ville de Mossoul et où vivaient avant Daech de nombreux chrétiens et membres d’autres minorités comme les yézidis, les Shabaks, les Kakaïs.
Sentant qu’il fallait encourager et accompagner le retour des minorités déplacées dans leur village, nous avons imaginé un programme qui permet aux entrepreneurs de la plaine de Ninive de retrouver leur outil de travail. Ce n’est qu’avec un emploi et une source de revenus qu’une famille peut envisager sereinement son retour… Or, après trois ans d’exode à vivre de l’aide humanitaire, beaucoup n’avaient plus aucune ressource et surtout avaient perdu confiance en eux.
Nous avons donc pensé le programme de façon à ce qu’il responsabilise les bénéficiaires et les rendent acteurs de leur projet. Ainsi, nous finançons la rénovation des lieux de travail ainsi que les équipements nécessaires à la relance de leur entreprise par un don à hauteur de 20% et un prêt sans intérêt de 80 %.
Arrivée des machines pour un entrepreneur de Qaraqosh
Quel est votre travail au quotidien ?
Avec l’aide de Rami, un jeune Irakien, nous rencontrons chaque entrepreneur intéressé par le programme pour échanger sur sa situation et son projet, et évaluer ses besoins et sa motivation. Le dossier et la situation personnelle de la personne qui veut intégrer le programme est étudiée attentivement. Nous décidons alors de le soutenir ou de donner la priorité à d’autres artisans.
Une fois que le projet est lancé, nous allons avec l’entrepreneur acheter le matériel nécessaire à la relance de l’activité (un four à pain, une machine, des outils, etc.) ou bien nous suivons les travaux de rénovation des locaux pour vérifier que les choses avancent comme prévu. Une fois l’activité relancée, nous multiplions les visites pour suivre le projet. Mon travail est donc à la fois « dossier » et « terrain »!
Avec Rami, Aude rencontre les entrepreneurs et assure le suivi de leurs projets
Où en est le programme en ce début d’année 2018 ?
Grâce à ce programme, Fraternité en Irak a relancé 29 entrepreneurs de Qaraqosh, Bartella et Bashiqa, trois villes de la plaine de Ninive. 88 emplois ont été créés en plus de ces 29 chefs d’entreprise ! Beaucoup d’autres entrepreneurs sont en attente de notre soutien. Nous sommes très heureux de voir que le programme répond à un réel besoin et envisageons de l’étendre à d’autres villes en 2018 !
Cette mission d’un an, c’est un engagement fort pour vous ?
Oui, je suis très heureuse de pouvoir participer au retour des chrétiens et yézidis dans leur village. Partager un an de ma vie avec ces personnes qui ont tout perdu est bouleversant. J’apprends beaucoup à leurs côtés. Je mesure l’extrême importance de pouvoir faire quelque chose de ses mains, de sa vie. Bien sûr, ce n’est pas simple tous les jours. Refuser un projet n’est jamais facile car même si certains nous paraissent prioritaires, tous ont beaucoup perdu avec Daech. En tant que responsable du programme, il me faut assurer son succès et sa pérennité. Pour cela il arrive parfois que je doive faire quelques rappels à l’ordre. Ce n’est évidemment pas ce que je préfère.
Qu’aimez particulièrement dans cette mission?
J’aime particulièrement rendre visite à « mes » artisans et les voir au travail avec leurs employés. Je repense alors à ma première rencontre avec chacun d’entre eux. Ils ne sont plus les mêmes. Sourire aux lèvres, ils sont fiers ; fiers d’avoir pu rouvrir l’entreprise qu’ils avaient avant Daech ! Je suis alors moi aussi très fière de ce programme ! Merci à tous nos donateurs ! Je voudrais remercier aussi Rami, pour son enthousiasme et sa grande volonté d’aider et servir son peuple en rejoignant Fraternité en Irak. Il fait beaucoup dans la joie de ma mission !
Participez vous aussi à la relance économique des artisans de la plaine de Ninive, en faisant un don à Fraternité en Irak !