Fraternité en Irak s’engage pour faire vivre la culture irakienne

Fraternité en Irak s’engage pour faire vivre la culture irakienne

by Fraternité en Irak Actualité Al Qosh Art et Culture Erbil Kirkouk Vie de l'association

« La culture nous humanise ! L’art élève l’homme et lui permet d’être fier de lui-même et de ses origines. C’est par la création artistique qu’une civilisation montre sa vitalité. Lorsque les œuvres sont détruites, lorsqu’on ne cherche plus à atteindre la beauté… alors tout est mort. Et l’espérance même s’est éteinte. L’ombre de la barbarie recouvre de son sinistre manteau toute intelligence, toute grâce et toute harmonie… ». Voilà ce qui animait les membres de l’équipe de volontaires de Fraternité en Irak qui s’est constituée en février 2016 pour permettre à quelques artistes français d’aller à la rencontre des œuvres et des artistes irakiens.

Objectif ? S’enrichir mutuellement pour redonner le désir de créer à ces minorités persécutées et exilées dans leur propre pays. Mgr Mirkis, archevêque chaldéen de Kirkouk, affirme fortement qu’un artiste doit être fier de son pays et de sa culture pour pouvoir créer. La démarche de l’association s’inscrit dans la revalorisation de la culture irakienne malmenée par Daech. Si l’on rend les artistes fiers de leur identité, si on leur redonne un peu d’humanité dans leur exil, alors peut-être pourrons-nous les aider à de nouveau utiliser leur talent pour les générations futures.

Une équipe d’artistes

Deux artistes sont à l’origine de cette mission. D’abord Marie-Camille Chambounaud, dessinatrice, lança le projet que Vinz, musicien bien connu de nos fidèles lecteurs, vint appuyer sans hésiter. L’équipe fut complétée par Fratoun, chanteur des Guetteurs, avide de découvrir ce peuple à qui il dédie tant de textes et musiques. Un acteur vint en renfort : Alexis Chevalier qui travaille depuis plusieurs mois à écrire et mettre en scène une pièce de théâtre sur la prise de Qaraqosh par Daech en 2014. Et c’est ainsi que tous s’embarquèrent avec enthousiasme pour le Kurdistan au rythme joyeux des guitare et vihuela.

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L’équipe d’artistes prépare la mission – © Fraternité en Irak

La musique révèle les espoirs enfouis

S’il arrive parfois que la tristesse et la lassitude reprennent le dessus chez les réfugiés, la musique ramène toujours les sourires effacés. Alors le monastère d’Alqosh a accueilli un concert de Fratoun et Vinz qui unit leurs répertoires et s’acheva sur la « chanson d’Alqosh » en arabe apprise pour l’occasion, ce qui réjouit le cœur de l’assistance !

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Concert dans l’église du monastère d’Alqosh – © Fraternité en Irak

Mais les musiciens n’ont pas non plus oublié les enfants yézidis de l’école de Bozan qui les ont accueillis avec bonheur !

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Au milieu des enfants à Bozan – © Fraternité en Irak

À Kirkouk, ce sont les étudiants qui jouirent de quelques morceaux pour célébrer leur unité avant que les enfants de l’école Mariamana ne bénéficient d’une récréation inattendue…

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Bain de foule à Mariamana ! © Fraternité en Irak

À Erbil enfin, les instruments ne cessaient de sortir de leurs étuis. L’apogée des concerts improvisés s’est jouée lors d’une animation pour les enfants organisée par l’association Life agape Kurdistan qui, pour l’occasion, a uni ses musiciens aux Français.

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Animation pour les enfants d’Ashti avec Life Agape Kurdistan – © Fraternité en Irak

Les Kakaïs de Kalak eux-mêmes n’en crurent pas leurs oreilles lorsque retentirent quelques accents reggae et mariachi sur une place publique…

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Quelques notes à Kalak – © Fraternité en Irak

Le désir de s’y mettre

Partout où sévissait l’équipe, les confidences pleuvaient. En voyant dessiner Marie-Camille qui dégainait ses crayons à la moindre occasion, en entendant la musique, les réfugiés se confiaient. « Personne ne nous enseigne les matières artistiques durant notre scolarité, raconte un étudiant de Kirkouk. Alors nous ne savons pas faire. Mais nous aimerions apprendre… » Finalement, c’est en voyant les autres agir que le désir se réveille et que le besoin de faire du beau se fait plus impérieux !

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Avec les kakaïs à Kalak – © Fraternité en Irak

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Dessin à main levée dans le camp d’Ashti sous le regard des enfants ! © Fraternité en Irak

Fruits et perspectives

Et c’est ainsi que quelques jours après le départ de la mission, Ibrahim, un ami peintre de l’association, a repris ses pinceaux pour raconter les souffrances de son peuple.

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Ibrahim a repris ses pinceaux pour dessiner la souffrance de son peuple en exil – © Fraternité en Irak / Ibrahim Lallo (reproduction interdite)

De retour en France, les artistes ont le désir d’être les porte-parole des déplacés irakiens. Vinz et Fratoun témoignent de leur expérience en Irak au début de chaque concert. Fratoun a même composé une chanson, Exodus, dédiée aux chrétiens d’Orient en exil. Alexis poursuit son travail de réalisation de sa pièce Martyrs, un drame évoquant la prise de Qaraqosh. Marie-Camille, quant à elle, prépare une exposition sur les minorités religieuses d’Irak, prévue à Paris à la fin de l’année 2016.

« Les artistes sont les gardiens privilégiés de la culture irakienne. En tissant des liens étroits entre les artistes par les échanges et par la prière, l’art et la culture irakienne auront sans doute une chance de survivre en Irak. Les artistes retrouveront leur humanité et leur histoire pourra être entendue ! », affirme Marie-Camille, persuadée qu’il faut poursuivre le jumelage.

Les créations naissent en partie des échanges ! Les prochaines missions renforceront les liens entre artistes français et irakiens. C’est par une meilleure connaissance de l’autre que l’on prend aussi conscience de sa propre valeur. L’art raconte une histoire, leur histoire, qui sera le patrimoine précieux des générations futures.