Après la guerre, les chrétiens de Sharanish veulent rentrer chez eux

Après la guerre, les chrétiens de Sharanish veulent rentrer chez eux

En 2019, nous vous en avions parlé, l’intensification des bombardements avait forcé les 53 familles qui habitaient ce village de Sharanish à fuir vers Zakho, la grande ville de la région. Plusieurs fois depuis, des habitants tentant de regagner leurs maisons avaient essuyé des tirs. Alors qu’un accord a été scellé entre la Turquie et le PKK et que ce dernier a déjà commencé à rendre ses armes, la fin du conflit se dessine. Aussi, pour la première fois depuis 2019, l’évêque de Zakho, Monseigneur Félix Daoud a pu se rendre fin octobre jusqu’à la barrière bloquant l’entrée du village de Sharanish, et Fraternité en Irak, qui soutient fidèlement ces chrétiens du nord de l’Irak depuis 2016 chez eux comme dans leur exil, a pu l’accompagner avec plusieurs de ses membres.

Permettre la réouverture et le retour

Devant cette barrière faite d’un amas de gravats, Monseigneur Félix a lancé un appel pour que les autorités permettent rapidement la réouverture du village, mais aussi pour que les villageois dont les maisons ont été endommagées et pillées reçoivent de l’aide et puissent rentrer chez eux. Nous avons été très émus d’être avec lui, à quelques centaines de mètres du village, alors que sur le piton rocheux qui se situait juste en face de nous se dressait le poste avancé de l’armée turque, qui, surveillant cette barrière, n’a sans doute pas manqué de nous observer.

De la route en contrebas, nous sommes parvenus à prendre des photos des maisons ; beaucoup de vitres manquent aux fenêtres soufflées, et les portes sont défoncées. Dans la suite naturelle de notre soutien de long terme, nous nous sommes engagés à aider au retour des déplacés – notamment pour réhabiliter leurs logements – et à racheter le mobilier essentiel.

Le maire du village musulman qui se trouve quelques kilomètres plus bas, et dont les habitants ont déjà pu revenir, nous a rassurés en nous indiquant que Sharanish n’avait pas été miné. Il attend lui aussi le retour des chrétiens. En nous montrant une grotte dans la falaise il nous explique : « Il y avait là autrefois une église… Les chrétiens habitent ici depuis toujours. » « Nous sommes impatients de pouvoir revenir chez nous, de rouvrir notre église et notre école et de cultiver à nouveau nos terres » nous redit avec force le maire de Sharanish, exilé à Zakho, que nous connaissons bien.

Parmi les 53 familles, une trentaine souhaite rentrer au plus vite. Nous estimons le financement nécessaire à cette aide d’ampleur à environ 250 000 euros.

Actualité Chrétiens oubliés du nord Urgence Zakho