Pomper l’eau du Tigre pour irriguer les cultures et faire vivre 600 familles
Le village de Fesh Khabour se situe aux confins du territoire irakien, à proximité immédiate de la Syrie et de la Turquie, entre la petite chaîne montagneuse de Bekher – qui culmine à 1 200 mètres – et les plaines de la Haute Mésopotamie (ou Djezireh) voisine. Depuis la confuence du Tigre et de la rivière Khabour, des terres fertiles s’étendent jusqu’aux collines couronnées par les postes des peshmergas kurdes et des gardes-frontières du gouvernement central, qui veillent à la sécurité du territoire face à la Syrie voisine.
Malgré l’instabilité des dernières années, les 600 familles chrétiennes de Fesh Khabour n’ont pas fui vers les villes, ni émigré. Elles continuent à prendre grand soin de leurs champs. Les agriculteurs chrétiens font vivre une partie de la région, puisqu’ils emploient des ouvriers musulmans, ainsi que des yézidis, toujours réfugiés dans des campements. Tous sont fers de cultiver plusieurs types de céréales ainsi que des fruits et légumes variés, qu’ils écoulent ensuite sur les marchés des grandes villes de Zakho et Duhok. Leurs pommes de terre, à la qualité réputée, sont transformées en frites et chips localement et exportées vers les villes de la Syrie voisine et jusque dans les pays du Golfe.
Mais aujourd’hui, ces agriculteurs ont besoin de nous pour faire face à deux défis majeurs.
D’une part, la Turquie voisine inonde le Kurdistan avec ses produits alimentaires de mauvaise qualité à faible prix. Sans transiger sur leurs produits, cela oblige les agriculteurs irakiens à accroître leur rendement pour rester compétitifs.
« Ce type d’aide permet concrètement aux Irakiens de vivre dignement dans leur pays sans devenir dépendant de l’aide internationale. »
D’autre part, les perturbations climatiques et le réchauffement localement marqué se traduisent par une baisse des précipitations et une hausse des températures. À Fesh Khabour, cela entraîne un recours accru à l’irrigation à partir des rivières voisines pour maintenir la production, voire l’accroître, et ainsi sauvegarder l’emploi de ces jeunes agriculteurs.
La communauté villageoise a déjà financé un vaste réseau de tuyaux d’irrigation. Actuellement, six pompes d’occasion sont utilisées afin de tirer l’eau du fleuve pour la conduire vers les champs. Chaque pompe bénéficie à dix familles du village. Il en faudrait six autres. Chacune coûte 2 200 euros. C’est donc une aide totale de 13 200 euros qui est demandée à Fraternité en Irak. « Ce type d’aide au développement économique est dans l’ADN de l’association, souligne Faraj Benoît Camurat. Elle permet concrètement aux Irakiens de vivre dignement dans leur pays sans devenir dépendant de l’aide internationale. »
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