Programme de relance économique : se projeter et s’enraciner
Depuis 2017, le programme de relance économique de Fraternité en Irak permet aux minorités victimes de violences de vivre sur leurs terres et de retisser du lien entre communauté. Retour sur une nouvelle année d’action, pleine de promesses avec Baudry Dor, responsable du programme en 2024-2025.
Firas, 36 ans, présente une armature façonnée pour le monastère de Mar Behnam dans la plaine de Ninive. Passionné de ferronnerie, il exerce ce métier depuis ses 15 ans dans un atelier de Mossoul qu’il a dû quitter lorsque l’Etat Islamique a pris la ville en 2014. Revenu après la libération fin 2017, il a repris son activité, aidé par Fraternité en Irak pour l’achat d’une machine de découpe et gravure du métal, telle qu’il n’en existe que trois à Mossoul. À l’heure actuelle, ce sont huit emplois que son entreprise a créés : huit familles dont les pères peuvent rentrer chez eux fiers du travail accompli.
À l’image du financement de 15 500 euros accordé à Firas (80% via un prêt à taux zéro, 20% via un don), seize entrepreneurs ont déjà été soutenus cette année grâce à l’association, dans des métiers très variés (élevage, apiculture, couture, imprimerie, restauration…).
Dans ce processus, les artisans sont les chevilles ouvrières du projet : ce sont eux qui sollicitent l’appui de Fraternité en Irak pour mener à bien la relance de leur activité. S’ensuivent de nombreuses visites de notre part pour comprendre et étudier la viabilité du projet. « L’enjeu est d’être le plus possible au contact des artisans pour s’imprégner de leurs besoins et comprendre au mieux leurs projets. J’ai été particulièrement marqué par la résilience des Irakiens qui ont beaucoup souffert ces dernières années et ont pourtant la ferme volonté de reconstruire leur pays », confie Baudry Dor, responsable du programme jusqu’à cet automne. Depuis le lancement de ce programme, 642 emplois ont été recréés, d’abord dans un territoire très ciblé de la plaine de Ninive ainsi que dans la ville de Mossoul, au profit des chrétiens, des yézidis et des kakaïs.
Ce programme procure une stabilité économique essentielle pour les familles, et permet de retisser des liens entre les communautés. Autre exemple récent de ce rayonnement : une femme de la communauté yézidie, veuve et mère de trois enfants, a pu relancer son activité de couturière.
En quelques semaines, elle a embauché trois employées issues de villages avoisinants. Créer un emploi coûte en moyenne 2 600 euros mais a un effet de levier incommensurable : pour chaque emploi, c’est un foyer qui vit, avec bien souvent plusieurs générations sous le même toit. Et c’est autant de liens retissés localement entre les communautés.
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