Fraternité en Irak ouvre une école pour les enfants yézidis

Fraternité en Irak ouvre une école pour les enfants yézidis

ACTION – À Bozan, un village du nord de la plaine de Ninive où sont réfugiés des centaines de Yézidis de la région de Sinjar persécutés par l’Etat islamique, Fraternité en Irak a ouvert une école pour les enfants traumatisés par les violences et qui n’avaient pas pu être scolarisés depuis leur déplacement en 2014.

Depuis le début du mois d’octobre, 80 enfants de 6 à 11 ans ont retrouvé le chemin de l’école dans le petit village de Bozan. La plupart d’entre eux sont originaires de la région de Sinjar où la communauté yézidie a été décimée par Daech lors de son offensive de l’été 2014. D’autres viennent de Ba’ashiqa, une bourgade de la plaine de Ninive d’où ils ont aussi été chassés par la progression de l’État islamique.

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Le village de Bozan et la plaine de Ninive vus depuis la terrasse de l’école ouverte par Fraternité en Irak – © Fraternité en Irak

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Inauguration de l’école début octobre – © Fraternité en Irak

Jusqu’à présent, aucune école n’était accessible pour les enfants des centaines de familles réfugiées dans des conditions précaires dans le petit village yézidi de Bozan. Grâce à vos dons, Fraternité en Irak a réhabilité et équipé une grande maison afin de les accueillir. L’école a pu voir le jour grâce à la détermination du Père Gabriel, du monastère d’Al Qosh qui a aidé Fraternité en Irak dans les démarches administratives et les travaux, témoignant ainsi des bonnes relations entre les communautés chrétienne et yézidie.

     En photos : Les travaux et l’ouverture de l’école pour les enfants yézidis

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Dans une classe le jour de la rentrée. Les enfants n’étaient pas scolarisés depuis la fuite de leur famille de la région de Sinjar ou de la plaine de Ninive – © Fraternité en Irak

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L’école de Bozan – © Fraternité en Irak

Ils sont aujourd’hui répartis en six classes mixtes. Les cours, qui ont lieu quatre jours par semaine, sont assurés par six professeurs yézidis, originaires du village ou réfugiés. Ils enseignent le kurde, l’arabe, l’anglais, l’art, les mathématiques, la biologie et la musique.

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Les fables de La Fontaine dans un manuel scolaire – © Fraternité en Irak

Plus d’un an après leur déplacement, les enfants sont encore traumatisés par ce qu’ils ont vécu. L’école est donc aussi un lieu de parole. « Les élèves sont avides d’apprendre et ont plutôt un bon niveau, note Thamir, 27 ans, jeune professeur d’anglais à l’école. Mais ils ont des difficultés de concentration car ils vivent encore dans la peur d’être attaqués par les djihadistes (la ligne de front avec l’État islamique est à une quinzaine de kilomètres de Bozan, ndlr). Je dois donc régulièrement les rassurer, leur dire que nous sommes défendus par les Kurdes. »

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Thamir – © Fraternité en Irak

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© Fraternité en Irak

Les heures de classes sont aussi une bouffée d’oxygène dans la vie des jeunes réfugiés. Leurs familles vivent dans des conditions spartiates dans le village. Les réfugiés sont entassés à plusieurs dizaines par maison ou bien dans des habitations qui n’ont pas été terminées. « Dès que les enfants arrivent à l’école, ils souhaitent commencer à travailler, raconte Sarab, 22 ans, professeur de kurde, de mathématiques et de musique, grande amatrice de jazz. Ils aiment travailler ! Quand je m’éloigne un instant de la classe, ils me disent : « reviens ! », « reviens ! » »

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Une élève de l’école chez elle – © Fraternité en Irak

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Dans cette famille réfugiée à Bozan, plusieurs enfants vont à l’école ouverte par Fraternité en Irak – © Fraternité en Irak

Pour les six professeurs et le gardien engagés par Fraternité en Irak, l’ouverture de l’école est aussi une opportunité de travailler dans un village où presque tous sont au chômage. « Je suis ravie de cette école car sans cela je n’aurais pas eu de travail. Mon père vient de décéder et je suis la seule de la famille à travailler », témoigne Sarab. Même sentiment pour le plus ancien des professeurs qui a enseigné le kurde et les mathématiques pendant 27 ans à Sinjar avant de devoir se réfugier à Bozan. « J’adore enseigner et je suis vraiment content d’avoir retrouvé un travail dans cette école », sourit-il.

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Sarab – © Fraternité en Irak

Convaincue de l’importance de l’éducation pour des enfants déracinés, Fraternité en Irak va poursuivre dans la durée cet engagement auprès des Yézidis déplacés.

Nous avons besoin de votre aide pour les postes de dépenses suivants :
le financement des salaires des professeurs et du gardien. Ils sont pour l’instant assurés jusqu’à fin janvier.
le financement d’un déjeuner ou au moins d’un goûter à la pause de 10 heures pour les élèves. Les professeurs ont remarqué que beaucoup arrivaient le ventre vide et que cela nuisait à leur concentration.
l’amélioration de l’aménagement intérieur de l’école. Pour l’instant, Fraternité en Irak a procédé aux travaux les plus importants pour pouvoir ouvrir : isolation, électricité, plomberie, installation de sanitaire, nivellement de la cour, achat du mobilier. Mais nous n’avons pas pu encore financer les finitions notamment le crépis des murs des classes.

 
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