A Qaraqosh, rebâtir l’avenir, petit à petit

A Qaraqosh, rebâtir l’avenir, petit à petit

Dans la nuit du 5 au 6 août 2014, la ville de Qaraqosh est vidée de ses habitants. Exode massif et brutal face à l’arrivée imminente des colonnes de Daech. Si quelques heures seulement ont suffi aux Qaraqoshis pour fuir leur terre ancestrale, combien en faudra-t-il pour leur permettre un juste retour dans cette plaine de Ninive bénie et fertile à bien des égards ? Qu’en reste-t-il, aujourd’hui, après plus de deux ans d’occupation par les troupes de l’Etat islamique ?

Des pasteurs pour Qaraqosh, ville sinistrée

Qaraqosh, libérée depuis quatre mois, est une ville sinistrée. Chacune des 7 000 maisons a été pillée, saccagée et parfois incendiée. Les infrastructures primaires (eau, électricité) sont endommagées. Des hommes de la milice chrétienne montent la garde autour d’une ville qui semble anéantie. D’aucuns pourraient être découragés et renoncer à reconstruire sur les vestiges d’un passé parfois idéalisé.

Pourtant, quelques membres de la communauté syriaque de Qaraqosh, entraînés par leur évêque Monseigneur Petros Mouché, œuvrent ardemment depuis des mois au retour de « ceux qui le souhaitent » dans leurs maisons. Pour cela, un comité de reconstruction a été mis en place. Abuna Georges Jahola supervise et coordonne ce projet titanesque. En véritable pasteur, il souhaite réunir les conditions nécessaires pour réhabiliter Qaraqosh et permettre aux réfugiés de quitter leur caravane pour recouvrer leurs biens.

Abuna Georges a fait appel à quelques 70 jeunes volontaires pour photographier chacune des maisons afin de procéder à un état des lieux de vaste envergure. Les clichés ont ensuite été répertoriés, et un astucieux système permet de trouver en quelques clics les photos correspondant au propriétaire recherché.

Abuna Georges a ensuite établi deux recensements. Le premier afin de permettre aux forces vives de s’inscrire sur une liste de 18 métiers en vue des travaux de reconstruction. Le but étant, bien évidemment, de permettre aux Qaraqoshis d’être acteurs de ce retour. Le deuxième afin de déterminer quels propriétaires désiraient rentrer chez eux, y compris ceux de la diaspora, via les réseaux sociaux.

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Abuna Georges devant la vue satellite de Qaraqosh

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Quelques miliciens gardant une rue de Qaraqosh

$6,000 pour une maison pillée, $10,000 pour une maison incendiée

Les fonds nécessaires pour la reconstruction de Qaraqosh sont immenses si l’on tient compte des travaux indispensables pour réhabiliter la voirie, les systèmes d’eau et d’électricité, les services publics comme l’école ou l’hôpital. En revanche, si l’on se cantonne aux seules maisons, d’après les évaluations d’Abuna Georges et de son équipe, 6 000 dollars suffisent pour réhabiliter une maison pillée et saccagée, contre 10 000 dollars pour une maison incendiée.

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Des étincelles d’espoir et un engagement concret

La ténacité de quelques-uns permet déjà de faire jaillir des étincelles d’espoir. Une usine de crème de sésame a d’ores et déjà ouvert ses portes et les travaux de réfection du réseau électrique général ont enfin commencé. Qaraqosh renait donc peu à peu de ses cendres.

Fraternité en Irak poursuit sa mission d’aide et de fraternité. Aide financière et aide technique, quelques volontaires étant désormais sur place au service du comité de reconstruction. Mission de fraternité également, pour rester fidèle à l’esprit de l’association, convaincue que les Irakiens ont la plupart des compétences requises pour rebâtir eux-mêmes leur avenir mais qu’un soutien moral et que le partage de leur quotidien sont essentiels. A Qaraqosh et dans les villages alentours, Fraternité en Irak continue de s’insérer sur les projets de petite ou moyenne échelle que les grandes ONG ou institutions internationales ne sont pas susceptibles de prioriser. La tâche reste immense mais l’espérance, quoique semée de doutes liés à la sécurité, est bien présente.

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