En Irak, être un jeune couple dans un camp de déplacés

En Irak, être un jeune couple dans un camp de déplacés

by Fraternité en Irak Actualité Chrétien d'Orient Erbil Qaraqosh Vie quotidienne

Fraternité en Irak poursuit sa série d’articles visant à mieux faire comprendre la réalité de la vie quotidienne des déplacés de la plaine de Ninive dans les « camps » d’Erbil.

VIE QUOTIDIENNE – Dans le grand camp d’Ashti, un village de 1200 mobil-homes, vivent des milliers de déplacés chassés de chez eux par Daech en août 2014. Malgré des conditions difficiles, la vie a repris le dessus et les jeunes se marient. Mais comment vivent les jeunes couples du camp ? Rencontre avec deux d’entre eux.

Nour, 23 ans et Shamaa, 20 ans, deux jeunes syriaques catholiques, se sont rencontrés ici, dans le grand camp d’Ashti, à Erbil. « Mais nous aurions pu nous rencontrer avant, expliquent-ils. Nous sommes tous les deux originaires de Qaraqosh, dans la plaine de Ninive, et nos parents sont cousins éloignés. » Dans le camp, c’est le père de Nour qui a fait les présentations, puis les deux jeunes se sont fréquentés plusieurs mois avant de décider de se marier. « Nous sommes allés demander l’autorisation à nos deux pères, et dans les deux familles, la nouvelle a été accueillie avec joie ! » racontent les deux jeunes mariés.

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Nour et Shamaa devant la « caravane » de la famille de Nour – © Fraternité en Irak

Les deux familles ont beau vivre dans des mobil-homes, le mariage, qui a lieu en juillet 2015, est une belle et grande fête. Dans une grande salle publique sont invitées 350 personnes qui couvrent les mariés de cadeaux, notamment d’or, comme le veut la tradition. Ces dons, et l’aide du père de Nour qui est infirmier et reçoit toujours son salaire, permettent pour l’instant aux deux jeunes gens de subvenir à leurs besoins, et de vivre dans un confort très relatif, même si ni l’un ni l’autre ne travaillent. « Avant l’arrivée de Daech, j’étudiais la réfrigération et les systèmes d’air conditionné à l’université de Mossoul, mais je n’ai pas eu le temps de finir, soupire Nour. Ici, je ne vois pas ce que je pourrais faire… » Shamaa, elle, est en deuxième année d’informatique à l’université d’Erbil et souhaite devenir professeur d’informatique.

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Nour montre les photos du mariage – © Fraternité en Irak

Le jeune couple, complice, vit dans un mobil home dans le camp d’Ashti. « Nous avons eu de la chance d’obtenir notre propre caravane », estiment-ils. Malgré les conditions de vie difficiles et leur manque de perspectives, Nour et Shamaa semblent très heureux : ils attendent un enfant pour mars 2016…

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Nour et Shamaa dans le carnet de croquis de l’une des membres de Fraternité en Irak – © Fraternité en Irak

Un peu plus loin, dans une autre « caravane », la situation de Robert, 23 ans et Susan, 19 ans, semble plus compliquée. Eux aussi se sont rencontrés dans le camp d’Ashti, après que le père de Robert a fait les présentations. « Nos deux familles se connaissent car elles étaient voisines à Qaraqosh, témoignent les deux jeunes. Là-bas, filles et garçons avaient le droit de sortir le dimanche soir dans la même rue, la « rue des cinémas » comme on l’appelait, et c’est là, en général, que naissaient les idylles. Mais ce n’est pas notre cas ! » Après s’être fréquentés pendant quatre mois, les deux jeunes gens ont décidé de se marier, « sûrs de leur décision ». Le mariage a eu lieu à l’église de Mart Schmouni, en petit comité. Malgré les faibles ressources des deux familles, la mariée portait une belle robe blanche !

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Robert et Susan dans la « caravane » qu’ils occupent avec la mère de Susan – © Fraternité en Irak

Aujourd’hui, Robert et Susan vivent chez la mère de Susan, dans son mobil-home de 21 mètres carré, car il n’y avait plus d’autre logement disponible dans le camp d’Ashti. Robert, qui n’a pas de diplômes, essaye de faire toutes sortes de petits boulots, tandis que Susan reste dans la caravane. « L’endroit où nous vivons est trop petit pour que nous envisagions d’accueillir un enfant maintenant, expliquent-ils. Notre avenir nous paraît pour l’instant trop sombre et incertain. »

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Robert et Susan avec les membres de Fraternité en Irak – © Fraternité en Irak