Un emploi pour les déplacés : une usine de crème de sésame a vu le jour à Sulaymania

Un emploi pour les déplacés : une usine de crème de sésame a vu le jour à Sulaymania

DEVELOPPEMENT – A Sulaymania, dans le nord de l’Irak, Fraternité en Irak a ouvert une usine de crème de sésame, redonnant ainsi du travail à une famille de déplacés originaires de Qaraqosh. Cette fabrique participe à la mission de développement que s’est fixée l’association, dans son action auprès des minorités exilées au Kurdistan.

La façade de la fabrique, avec l’espace de vente.

A Sulaymania, ville du diocèse de Kirkouk, Fraternité en Irak, fidèle à sa mission de redonner du travail aux Irakiens déplacés, a choisi de financer une usine de crème de sésame, appelée « rashi » ou « tahin » et consommée quotidiennement en Irak.

Ce projet, piloté par Fraternité en Irak sous l’égide du diocèse, a pu voir le jour grâce au savoir-faire de la famille Baqtar, réfugiée depuis deux ans de Qaraqosh, où ils étaient propriétaires d’une usine similaire. Usine qui fonctionnait depuis vingt ans, avec six machines à pressoir et au chiffre d’affaire impressionnant : dix milliards de dinars par an ! Ils possédaient également un poulailler, et divers commerces. Cette prospérité économique a volé en éclats avec l’arrivée de Daech, et la nuit du 6 août 2014, la famille a été obligée de fuir la ville.

Aujourd’hui, cinq membres de cette famille travaillent dans la fabrique installée non loin du centre-ville de Sulaymania, sous la responsabilité d’un manager Kurde de la ville, Nabil.

Les membres de la famille Baqtar, qui assurent la production de crème de sésame.

Travailler, malgré tout

Yelda, 64 ans, professeur à la retraite, était le manager à Qaraqosh. Son fils Alan, la trentaine, est blessé au pied et est sans ressources suffisantes pour se faire opérer et se faire embaucher ailleurs. Roni, lui, est un ancien architecte qui ne trouve pas de travail à hauteur de ses qualifications. Il est venu avec son père Siman et son beau-frère Barack.

Roni et Alan venaient de construire à Qaraqosh une maison à 200 millions de dinars chacun et dans lesquelles ils n’ont jamais vécu. Aujourd’hui ils sont entassés dans une pièce unique. Alors pour atténuer ces conditions difficiles, tous s’activent pour redonner vie au fameux « rashi » de Qaraqosh, déjà rebaptisé localement « rashi de Sulaymania ».

Yelda et sa famille, devant les machines de l’usine.

Un savoir-faire familial

La famille Baqtar, spécialiste du rashi à Qaraqosh où leur réputation était largement établie, et où l’usine tournait 24/24h, a pris le parti de produire une crème de très bonne qualité : le sésame est lavé et provient d’Afghanistan, et produit fini est 100% naturel, sans matières grasses ajoutées, contrairement à la plupart des rashis sur le marché.

Cependant, la productivité est bonne puisque si trente minutes sont nécessaires pour remplir un pot de 800g, ce dernier est vendu 3 000 dinars, pour un coût de revient de 2 000 dinars. L’usine produit trois types de pots de 400g à 1,8kg. L’huile de sésame, plus longue à faire, est fabriquée à la demande, et vendue 10 000 dinars les 400g.

L’intérieur de l’usine. A gauche, le tamis rotatif trie les graines.

Le sésame provient directement d’Afghanistan.

L’usine de « rashi », se compose de trois machines : la première est un four qui torréfie le sésame ; la seconde, un tamis qui nettoie et trie les graines grillées, et la troisième un pressoir électrique d’où sort la fameuse crème. Une quatrième machine vient compléter le dispositif : elle met sur les pots un tampon conforme à la législation, qui permettra de développer le commerce à travers le pays.

Le cercle vertueux en marche

La fabrique tourne toute l’année sauf durant les quatre mois d’été. En effet, la consommation de rashi n’est pas adaptée à la haute température ! Cet automne, le démarrage de la saison est bon : la production est vendue sur le marché de Soulaymania, en grand et petit format.

Pour le moment, les employés ne se versent pas de salaire, les recettes sont réinvesties dans les matières premières, mais la fabrique appartient désormais au diocèse qui va utiliser les bénéfices futurs pour générer de nouveaux projets.

Le produit fini est vendu en pots de différentes tailles.

Aidez Fraternité en Irak à redonner emploi et espoir aux réfugiés de la plaine de Ninive, avant le retour chez eux en soutenant des actions de développement efficaces !

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