« Il faut crier la souffrance mais aussi l’expliquer par l’art »

« Il faut crier la souffrance mais aussi l’expliquer par l’art »

TRIBUNE – Monseigneur Mirkis, évêque chaldéen de Kirkouk, s’exprime pour soutenir le projet d’exposition artistique que Fraternité en Irak organise le 8 novembre prochain à Erbil. 

L’art sauvera le monde. Chaque tableau est un pavé dans la mare, et les artistes sont des personnes visionnaires qui nagent à contre courant. Prenez Guernica : la guerre d’Espagne est résumée dans cette toile, et pourtant ce n’est que beaucoup plus tard qu’on en a compris le sens!

L’art est un mystère. Pour les grecs, l’artiste est sous l’influence d’une muse. Cette muse c’est l’inspiration, l’esprit de Dieu qui a créé le monde et qui nous montre la création. Ce que Fraternité en Irak fait avec cette exposition est un projet à la fois magnifique et génial. C’est donner la possibilité aux artistes de créer plein d’œuvres en donnant d’impulsion, sans savoir laquelle aura l’impact qu’a eu Guernica.

Art, résistance et espérance : espérer est une forme de résistance. Job a dessiné son désarroi dans son un poème. Guernica est un tableau qui décrit la destruction d’un village. Rostropovitch a joué du violon sur le mur lors de sa chute, Soljenitsyne a décrit le goulag… Les grandes tragédies dans l’histoire ont nourri les grands artistes.

Ce projet, c’est un peu de la maïeutique. Il fait accoucher les esprits des artistes. Il faut crier la souffrance mais aussi l’expliquer! C’est comme ça que l’art sauvera le monde. Dans les temps difficiles, on peut choisir de se cacher ou de résister. On peut avoir peur d’agir et laisser les choses se faire. Tout artiste est un vilain petit canard, il sort de la mêlée. Il rend folle sa mère qui s’inquiète pour lui car il veut se jeter à l’eau. Souvent les artistes sont proches des prophètes…

C’est très important d’avoir le courage d’agir. Dans Lettre à un jeune poète de Rilke, correspondance entre un jeune poète qui écrit à Rilke pour savoir s’il fait de la vraie poésie ou s’il doit arrêter, l’écrivain répond : « Ce n’est pas à moi de juger. Si on vous dit : « si vous écrivez, on va vous tuer » et que la gorge vous brûle, vous voulez écrire dès votre réveil et vous ne pouvez pas vous en empêcher, là vous êtes un vrai artiste. Le juge c’est l’artiste, c’est ce qu’il sent. »

Lire aussi notre dossier art et culture
Logo de l'exposition du 8 novembre à Erbil : Exode et espérance

Logo de l’exposition du 8 novembre à Erbil : Exode et espérance

Art et Culture Chrétien d'Orient Erbil