A Mossoul, Fraternité en Irak au chevet de l’église Mar Toma

A Mossoul, Fraternité en Irak au chevet de l’église Mar Toma

Dans le centre du vieux Mossoul, l’église syriaque catholique Mar Toma a résisté vaillamment aux combats. Mais sa coupole et son autel détruits ont dû être restaurés minutieusement. Un travail de sauvegarde du patrimoine réalisé grâce à vos dons à Fraternité en Irak.

Accolée à son église-mère du même nom (Mar Toma des syriaques orthodoxes, dont les origines remontent peut-être au VIe ou VIIe siècle), l’église Mar Toma des catholiques était jusqu’en 2014 la paroisse du père Pios Afas. Ce prêtre, ami de longue date de Fraternité en Irak, en fut chassé avec ses fidèles lors de la prise de la ville par Daech. C’est l’un des derniers chrétiens à avoir pu quitter la capitale provinciale qui deviendra bientôt une immense prison. Le petit musée qu’il avait installé conservait de précieux manuscrits et objets, qui ont malheureusement presque tous été pillés par l’autoproclamé Etat Islamique.

A la libération de Mossoul en juillet 2017, l’église est retrouvée en relatif bon état. Cependant, deux trous béants percent la voûte au fond de la nef et la coupole à l’aplomb du chœur. La structure en béton qui recouvrait l’ancienne coupole a, elle, glissé sous les impacts et doit être démolie.

Afin de redonner à l’église sa pleine fonctionnalité, le père Pios a demandé à Fraternité en Irak de remonter l’ancien autel central. Comme les deux autels latéraux, il est fabriqué en farsh, une forme de marbre sombre assez fragile, en fait dérivé de gypse, typique de la plaine de Ninive, déjà utilisé par les Assyriens pour leurs bas-reliefs.

Redonner sa fonction à l’édifice

Dès l’été 2018, un an après la libération de Mossoul, Fraternité en Irak finance les travaux les plus urgents pour sauvegarder l’intégrité structurelle de l’édifice. C’est ainsi qu’une équipe s’attelle, durant l’été, à reboucher les orifices, enlever la coupole de béton, et protéger l’ancienne des intempéries, en prévision de l’hiver.

A l’intérieur, les djihadistes ont fait d’autres dégâts : l’autel central est entièrement brisé. Ne restent des autels latéraux que des blocs émergeant des gravats. Une première messe est cependant célébrée en présence de l’évêque Mgr Petros Mouché lors de la fête patronale de saint Thomas, le 3 juillet 2018. L’événement est de taille : il s’agit de la première messe dite sur la rive droite du Tigre depuis le départ des terroristes !

A gauche, la première messe célébrée après Daech à Mar Toma. Ci-dessus, l’autel principal, avant sa reconstruction

Son style néogothique, quoiqu’étonnant dans le contexte mossouliote, témoigne d’une certaine influence occidentale. A l’origine, l’autel syriaque traditionnel comporte un massif maçonné sur lequel s’appuie une table, et surmonté d’une forme d’emmarchement de trois niveaux successifs. Il n’est pas collé au mur de fond, car la liturgie syriaque prévoit une procession autour de l’autel. Cependant, avec les changements liturgiques influencés par l’occident à la fin du XXe siècle, bon nombre d’entre eux, et notamment l’autel central de Mar Toma, sont modifiés de manière à ce que le prêtre puisse faire face aux fidèles depuis derrière l’autel.

Un véritable puzzle

Le 18 mars dernier a donc commencé le chantier de la remise en état de l’autel, sous la supervision de Guillaume, architecte missionné par Fraternité en Irak, et déjà artisan de la reconstruction du sanctuaire de Mar Behnam, situé 30 km plus au sud. L’équipe qu’il a embauchée pour ces travaux est constituée de cinq ouvriers qui ont aussi travaillé sur le chantier de Mar Behnam.

La première étape fut celle du tri des gravats, donnant lieu à une sorte de puzzle de dizaines d’éléments brisés, qui ont ensuite été soigneusement recollés à la résine, un à un. Une pièce importante de l’ensemble n’a malheureusement pas été retrouvée, laissant comme un témoignage des destructions… L’ensemble fut enfin remonté avec délicatesse, et une grande plaque moulurée en deux parties reposée par-dessus en remplacement de l’ancienne, trop abîmée.

L’autel principal, après sa reconstruction

Dernière étape : l’église était également infestée de divers graffitis qu’il a fallu effacer. La diversité de provenance de leurs auteurs djihadistes laisse songeur : divers pays arabes, Albanie, Kosovo, Turquie, Russie, et même Australie. Des points avaient également été dessinés aux endroits structurels stratégiques, probablement pour indiquer l’emplacement des explosifs qui devaient anéantir l’église, projet heureusement non mené à son terme…

Les ouvriers travaillent à effacer les tags laissés par les djihadistes.

On distingue les points dessinés en rouge pour préparer l’explosion de l’édifice.

Bientôt, l’église ayant retrouvé sa sacralité pourra à nouveau accueillir, il faut l’espérer, les fidèles mossouliottes. Cette opération patrimoniale de restauration de l’autel, visant à redonner aux chrétiens de Mossoul la fonctionnalité de leurs édifices cultuels, est aussi le témoignage de l’engagement de Fraternité en Irak à leurs côtés.

Merci à vous tous, donateurs de Fraternité en Irak, qui nous permettez de mener ces projets patrimoniaux tout autant que symboliques !

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