A Qaraqosh, le mercredi des femmes pour les aider à se reconstruire

A Qaraqosh, le mercredi des femmes pour les aider à se reconstruire

Abouna Rony, jeune prêtre syriaque-catholique de Qaraqosh et ami de longue date de Fraternité en Irak, s’engage pour redonner toute leur place aux femmes de la plaine de Ninive.

« Les femmes sont au centre de la cellule familiale en Irak. Si on aide les femmes à se reconstruire, ce sont toutes les familles qui renaissent et par là même, l’Irak tout entier. » Voilà le fondement du projet d’Abouna Rony à Qaraqosh, baptisé « Woman Syriac Forum ». Un projet qui fait écho à celui de la relance économique initiée par Fraternité en Irak qui, en redonnant du travail aux pères de famille, permet aux structures familiales de retrouver des repères quotidiens. Rebâtir des maisons est vain si le foyer se délite !

Un projet unique

Abouna Rony a initié ce projet en faveur des femmes alors qu’il était encore diacre et qu’il était réfugié à Erbil, comme de nombreux chrétiens de la plaine de Ninive ayant fui Daech. Avec l’accord de son évêque, le projet a rapidement pris de l’ampleur. Le groupe initial de 13 femmes en rassemble aujourd’hui plus de 1000 et il s’est reconstitué à Qaraqosh au fur et à mesure du retour des familles à partir de 2017.

Ces femmes âgées de 16 à 60 ans se réunissent chaque mercredi à l’église Mar Yohanna pour une heure ou deux, pendant lesquelles Abouna Rony, ordonné en août 2016 à Ankawa, leur dispense des cours sur la Bible, la psychologie, la théologie etc. Un mercredi par mois, une femme médecin, le Dr Sahar, vient également pour les former, notamment au dépistage du cancer du sein. Ce sujet aussi important qu’en Europe, reste tabou en Irak. Il est donc très difficile de sensibiliser et éduquer les femmes à s’auto-ausculter. Le docteur Sahar tente de les former à l’aide de vidéos éducatives et de mannequins en plastique.

Seul bémol à l’enthousiasme des participantes : le coût, que ce soit celui des collations ou des transports. En effet, les rencontres se font à l’église Mar Yohanna, au centre de Qaraqosh, et il est donc difficile pour certaines femmes qui vivent dans des quartiers excentrés de venir… Abouna Rony a envisagé d’affréter des bus, mais leur coût est pour le moment rédhibitoire.

Des sorties entre femmes

Durant l’été, le jeune prêtre a également emmené un groupe de femmes en pèlerinage au Liban où elles ont rencontré le patriarche syriaque et également le patriarche maronite. Une autre fois, c’est un pique-nique sur les hauteurs de Dohuk qui a été organisé pour leur permettre de se rassembler : beaucoup de femmes ont été traumatisées par la guerre, ou en voyant leurs maisons détruites, certaines sont restées seules à Qaraqosh tandis que leur famille émigrait.

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En plus de ces rencontres un peu extraordinaires organisées avant chaque solennité religieuse, des forums appelés « carnaval » sont également l’occasion de faire la fête entre femmes. En 2018, ils ont eu lieu au début du Carême. Lors de ces rencontres, jusqu’à 4000 femmes sont présentes, certaines viennent même de Mossoul ! Au programme : cuisine toutes ensemble, petite pièce de théâtre, danses…

Abouna Rony veut remettre la joie au cœur de ces rencontres. Et cela semble plutôt réussi comme ont pu le constater des volontaires de Fraternité en Irak qui ont eu la chance d’être conviés à une de ces fêtes !

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