A la rencontre des derniers chrétiens de Bassorah

A la rencontre des derniers chrétiens de Bassorah

A quelques jours de Noël, deux volontaires de l’association sont allés rendre visite à la petite communauté chrétienne de Bassorah, où ils ne sont plus qu’une poignée autour de leur évêque charismatique, Mgr Habib Naufali.

Nous avons quitté la pluie et la boue du nord de l’Irak pour trouver un peu de soleil tout au sud du pays, dans la ville de Bassorah, parfois surnommée la Venise du Moyen-Orient. La ville a vraiment dû être belle – et le quartier du vieux Bassorah, vestige de la splendeur passée de cette ville située au confluent du Tigre et de l’Euphrate, en témoigne – mais la réalité du côté de la communauté chrétienne est moins poétique.

L’évêché, qui abrite la paroisse St Ephrem.

L’église chaldéenne Mar Tomas, aujourd’hui fermée.

Aujourd’hui, elle se réduit à 250 familles, toutes confessions confondues : assyriens, syriaques-orthodoxes, arméniens, chaldéens, évangéliques. Avant les années 2000, ils étaient 4500 familles, puis 1150 en 2003. Depuis, chaque année voit s’en aller son lot de fidèles, partant chercher à l’étranger (Canada, Jordanie, Europe,…) un avenir meilleur ou en tout cas plus serein. Le quotidien à Bassorah est sous tension, que ce soit lié aux menaces envers les chrétiens, les manifestations pour protester contre la corruption, ou les tensions liées au manque de ressources économiques et d’eau en particulier…

Les églises ferment, les messes dominicales ne rassemblent plus qu’une poignée de fidèles (50 personnes au maximum pour un dimanche ordinaire : la plupart habitent loin de l’évêché et travaillent le dimanche, ce qui rend leur venue difficile, en tout cas occasionnelle)… Le tableau pourrait paraître bien sombre, mais c’est sans compter les joyeux enfants du catéchisme qui témoignent de la foi vive qui anime encore les chrétiens de Bassorah.

Tous les vendredis dans les locaux de St Ephrem, ils sont 70 à suivre les enseignements prodigués par des catéchistes dynamiques. Nous en avons été témoins à notre arrivée lorsque nous avons été conviés à la fête de Noël du catéchisme. Différents spectacles, chants et danses produits par des enfants de tous âges faisaient vraiment plaisir à voir. Et les grandes fêtes telles que Noël rassemblent plusieurs centaines de personnes ! Les deux dominicaines qui habitent le couvent Sainte Thérèse ouvrent alors les portes de leur grande église pour que la foule puisse se rassembler en un seul lieu.

Autre motif de joie : la grande proximité de toutes ces confessions. Deux prêtres orthodoxes assurent le culte de leurs paroissiens, mais les assyriens, n’ayant pas de prêtre à eux, assistent aux offices chez les Chaldéens. Le Pasteur évangélique s’entend aussi très bien avec l’évêque et avec Abouna Milad qui l’assiste dans son apostolat.

C’est cette fraternité que l’on retrouve dès la cour de récréation dans l’école Al-Bichara, rénovée et agrandie grâce à la générosité des donateurs de Fraternité en Irak. Depuis 4 mois maintenant, les enfants de cette école chaldéenne se retrouvent, toutes confessions confondues. Une dizaine d’enfants mandéens y sont même scolarisés ! Cela paraît peu mais c’est beaucoup au vu de la proportion de cette minorité en Irak : 400 familles dans tout le pays… Ces disciples de Jean-Baptiste, dont le rite consiste surtout à se faire baptiser régulièrement dans les eux du fleuve – d’où leur présence historique à Bassorah – sont souvent mis à l’écart, voire persécutés.

12 professeurs, chrétiens comme musulmans, enseignent à 70 enfants de 6 à 11 ans. La maternelle accueillait déjà 120 enfants. Désormais, depuis 2018, quatre salles de classe supplémentaires et un nouveau bâtiment hébergeant une bibliothèque, une salle informatique, une salle d’ateliers manuels et le bureau du directeur sont sortis de terre. A terme, ce sont plus de 180 enfants qui devraient être accueillis dans cette nouvelle école, dès que les autorisations d’ouvrir des classes supplémentaires seront arrivées…

Il est essentiel pour Fraternité en Irak de visiter ces chrétiens, « petit troupeau » qui se sent oublié de tous, pour les encourager. L’aide à l’école multiconfessionnelle de Bassorah rend concrète cette fraternité !

Aidez-nous à développer ce projet pour en faire un lieu où peut se construire la paix !

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