Fraternité en Irak vous propose une série d’articles pour mieux saisir la réalité de la vie quotidienne des déplacés de la plaine de Ninive dans les « camps » d’Erbil.
TÉMOIGNAGE – Dans les centres de déplacés d’Erbil, au Kurdistan irakien, la vie déjà difficile devient particulièrement rude quand vient l’été. Pendant ces mois où la température avoisine les 50°C, l’eau est un enjeu vital et un défi à relever chaque jour. Voilà comment se débrouillent quotidiennement Shaida et sa famille.
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Le mobil-home de Shaïda est un abri bien dérisoire par cette chaleur difficilement supportable. En ce milieu du mois d’août, cette mère de trois enfants y accueille les bénévoles de Fraternité en Irak avec un grand verre d’eau et raconte en détails comment la famille s’organise chaque jour pour s’approvisionner en eau.
Contrairement au grand camp de mobil-homes d’Ashti 2, sorti de terre en avril de l’autre côté de la route et où l’eau courante a été installée, le centre de déplacés où vit Shaïda depuis plusieurs mois (appelé Ashti 1) ne dispose pas de robinet individuel. Une dizaine de bonbonnes d’eau de dix-sept litres et demi chacune s’alignent donc devant sa caravane.
Il faut distinguer deux usages de l’eau, qui ont chacun leur point d’approvisionnement. Pour se laver, elle et sa famille sont obligés de remplir chaque jour quatre bonbonnes d’eau non potable. Shaida va la chercher à l’entrée du camp, à une cinquantaine de mètres de chez elle. Elle la porte à bout de bras. Pour cuisiner et boire, il faut aller à une citerne plus éloignée, destinée à alimenter tout le camp en eau potable. Et par ces 47°C cela représente la principale consommation d’eau… Les cinq personnes de la famille consomment donc environ 20 bonbonnes par jour, chacune pesant près de dix-huit kilos.
Porter ces bidons n’est pas la seule difficulté. Les familles du camp sont nombreuses et l’eau vient fréquemment à manquer. Il arrive ainsi souvent qu’il n’y ait plus d’eau lorsque Shaïda arrive à la citerne d’eau potable…
L’autre problème lié à l’eau est une question de salubrité. En effet, pour la plupart des familles du camp, la vaisselle doit se faire directement sous la citerne à l’entrée du camp. Les habitants choisissent d’y transporter la vaisselle sale plutôt que de porter les bonbonnes qui permettraient de le faire juste devant la porte de leur mobil-home. Mais cela n’est pas sans conséquence : sur la petite place, l’eau usée s’écoule tout au long de la journée, créant une grande mare verdâtre, qui croupit et sent mauvais dans toute l’entrée du camp.
En collaboration avec Abuna Jalal, le responsable du camp, Fraternité en Irak a décidé de financer quelques installations visant à améliorer les conditions sanitaires de ce lieu grâce à une meilleure gestion de l’eau. Ainsi, la petite place de l’entrée du camp a été bétonnée et un système évacuant l’eau a été installé en complément. Le terrain est maintenant légèrement penché vers une rigole qui récupère l’eau et l’évacue vers la rue.
Une nouvelle citerne d’eau potable d’une contenance de 10 000 litres a été livrée. Elle pallie les besoins en eau des familles du camp et réduit la distance à parcourir en portant les bonbonnes. Elle est installée sur cette petite place. Enfin, détail d’importance, une structure pour surélever la citerne d’un mètre environ facilite le remplissage des bonbonnes. Cela permet surtout d’y brancher deux longs tuyaux qui amèneront l’eau directement aux mobile-homes situés au fond du camp. Les habitants auront ainsi beaucoup moins de distance à parcourir pour s’approvisionner en eau.
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