Près d’un millier de couvertures pour les Kakaïs

Près d’un millier de couvertures pour les Kakaïs

by Fraternité en Irak Actualité Urgence

ACTION – Fraternité en Irak a distribué près d’un millier de couvertures pour 300 familles kakaïes déplacées. Les membres de cette minorité religieuse méconnue et déplacée à l’arrivée de Daech en 2014 ont trouvé refuge dans les villages proches de la ligne de front. Ils se sentent oubliés de tous. 

Pratiquant une religion à mystère venue de Perse et issue du mazdéisme, les kakaïs aussi appelés « yarsans » ou « ahl al haqq » en Iran, seraient environ 140 000 en Irak. Ils vivent principalement dans le Kurdistan irakien.

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Les habitants du village de Zangal. Dans ce village et ceux alentours, 2000 familles sont réfugiées après avoir été chassées de chez elles par Daech à l’été 2014 – © Fraternité en Irak

Lorsqu’elles ont été chassées de la plaine de Ninive lors de l’arrivée de Daech en Irak à l’été 2014, plus de 2000 familles appartenant à cette minorité religieuse ont trouvé refuge dans les villages de Zangal, Sufaya, Wardak ou encore Gazakan, à quelques kilomètres de la ligne de front entre les soldats kurdes et l’organisation Etat islamique. Dans les environs de Kalak, dernière grande ville du Kurdistan irakien avant la ligne de front, on estime que 80% des habitants actuels sont des kakaïs venant des alentours dont les terres sont désormais aux mains de l’État islamique. Les membres de la minorité kakaïe ont heureusement été bien accueillis par les Kurdes de la région. Ces derniers les connaissaient et ont accepté de leur louer ou de leur vendre des terres. 

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Le village de Zangal – © Fraternité en Irak

Une situation instable

Leur situation est néanmoins des plus instables. En décembre 2015, les djihadistes de l’État islamique ont lancé plusieurs offensives sur les villages de Zangal et Sufaya. Cette proximité rend très difficile l’installation de structures d’aide pérenne pour ces familles. Par exemple, aucun professeur ne veut enseigner dans l’école de Zangal, bourgade considérée comme trop dangereuse. 

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Les jeunes kakaïs du village de Zangal – © Fraternité en Irak

Grâce à Ibrahim, un ami kakaï de Fraternité en Irak, les bénévoles de l’association se rendent en décembre dans les villages où vivent les membres de cette communauté pour mieux en comprendre les besoins. Ils ont constaté que les familles manquent de tout et sont  à l’écart des circuits d’aide humanitaire traditionnels. Elles sont particulièrement touchées par le froid durant l’hiver. Les discussions avec les responsables de la communauté valident l’urgence de remédier à ce problème.

Au tout début du mois de janvier, Fraternité en Irak a donc financé et organisé une première aide aux Kakaïs. Près d’un millier de couvertures ont été acheminées à Zangal pour être distribuées aux 350 familles du village. 

Une première opération réussie

Sur place, les volontaires de l’association ont commencé par rencontrer les notables du village avant que ne débute le déchargement du camion. L’organisation est performante et la répartition bien réglée : une couverture pour les familles de moins de quatre personnes, deux pour les familles entre quatre et huit personnes, et trois pour les familles de plus de huit personnes. Une seule exception à noter : pour une famille de quatorze enfants qui a reçu quatre couvertures. Deux heures plus tard, l’opération est un succès. Une seule famille n’est pas venue prendre ses couvertures, sur les 351 concernées. Les 240 couvertures restantes seront distribuées dans d’autres villages. 

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Déchargement du camion de couvertures – © Fraternité en Irak

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Stockage et décompte avant distribution – © Fraternité en Irak

Des besoins importants

Le chef du village de Zangal a indiqué à Fraternité en Irak avoir également besoin de manteaux, pantalons, chaussures et cahiers pour les 320 écoliers et étudiants entre 6 et 20 ans. Par ailleurs, les malades ont de grandes difficultés à être soignés et à s’approvisionner en médicaments à la fois parce qu’ils n’en ont pas les moyens et parce qu’ils sont plus éloignés d’Erbil, la capitale du Kurdistan, où ils pourraient trouver les structures médicales nécessaires. 

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Les pères de famille venus chercher les couvertures – © Fraternité en Irak

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© Fraternité en Irak

« Si nous voulons qu’un jour la plaine de Ninive redevienne la mosaïque de communauté qu’elle a été nous devons soutenir fortement cette minorité kakaïe, estime Faraj Benoît Camurat, président de Fraternité en Irak. Jusqu’à maintenant, le fait qu’ils soient moins connus que les Yézidis, par exemple, ne leur a pas permis d’être aidés. Progressivement, en plus du soutien qu’elle a déjà apporté aux chrétiens et aux Yézidis irakiens, Fraternité en Irak souhaite aider les Kakaïs à continuer à vivre dans ce pays qui est le leur depuis l’Antiquité. » 

Nous avons besoin de vous pour aider les Kakaïs dans la durée et leur permettre de vivre dignement en Irak !