Un archéologue chevronné au chevet de Mar Behnam

Un archéologue chevronné au chevet de Mar Behnam

PORTRAIT – Abdul Salam Simaan, archéologue spécialiste de l’histoire des chrétiens d’Irak et de la plaine de Ninive, travaille avec l’équipe d’architectes de Fraternité en Irak à la reconstruction du sanctuaire de Mar Behnam, près de Qaraqosh. Expert reconnu dans tout l’Irak, il souhaite ardemment participer à faire renaître ce lieu symbolique pour lui et toutes les communautés du pays. Rencontre.

Tout le monde l’appelle « Le Joyeux » (« El Khudadi » en arabe), et pourtant, Abdul Salam Simaan a pleuré en découvrant les ruines de Mar Behnam lorsqu’il a enfin pu visiter le sanctuaire libéré de Daech avec les architectes de Fraternité en Irak. Archéologue renommé, ce Qaraqoshi de 68 ans souhaitait se faire une première idée des dégâts. Quel choc en voyant l’état du mausolée de Mar (Saint) Behnam, lieu de pèlerinage cher à tous les Irakiens, qu’ils soient chrétiens, musulmans ou yézidis…

Un archéologue passionné

Pour Abdul Salam Simaan, la blessure est d’autant plus vive qu’il est l’un des meilleurs connaisseurs du patrimoine irakien auquel il a consacré sa vie. Il a commencé à travailler au musée de Mossoul en 1974, après des études littéraires à Bagdad, puis d’archéologie à Mossoul. Disciple du célèbre archéologue Behnam Abu al Soof, chef de plusieurs expéditions d’envergures comme celles de Hatra (cité antique vieille de 2 000 ans inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco) ou celle du site du barrage de Mossoul, il a dirigé plusieurs projets de fouilles dans tout le pays. Il a enfin participé comme archéologue superviseur à des projets de restauration comme celui de l’église du couvent Naqortaya, au nord de Qaraqosh. Il a la même ambition pour Mar Behnam : « Mon rêve, comme archéologue, est de voir la restauration de l’église du couvent ».

Avec l’équipe de Fraternité en Irak, au milieu des ruines du mausolée

L’aide d’Abdul Salam est aussi importante pour le travail de recherche et de documentation sur le sanctuaire de Mar Behnam. L’homme est plus qu’un archéologue ! Membre de nombreuses ONG, il fait aussi partie d’un groupe d’écrivains syriaques. Il participe à plusieurs comités de rédaction de magazines culturels irakiens et a publié dans pas moins de 16 journaux spécialisés ! Professeur au séminaire de Qaraqosh, il est enfin l’auteur d’une dizaine de livres, concernant par exemple l’anthropologie de Qaraqosh, ou l’archéologie chrétienne en Mésopotamie. Le dernier porte d’ailleurs sur la plaine de Ninive.

Avec Guillaume, l’architecte de Fraternité en Irak, Abdul Salam en plein travail de reconstitution de plaques issues des gravats d’après des photos d’archives

Mémoire et émotion

Pour l’archéologue, la tragédie de la destruction du mausolée de Mar Behnam rappelle d’autres catastrophes récentes : « Lors du pillage du musée de Bagdad après la chute de Saddam Hussein, c’est comme si 40 ans de ma vie s’étaient envolés, se souvient-il. À Mar Behnam, c’est un autre pan de ma vie qui disparaît », confie-t-il.

Pour lui, comme pour beaucoup d’Irakiens, le lancement de la restauration du mausolée de Mar Behnam est un réel signe d’espoir pour le pays : « C’est un sanctuaire chrétien de la plus haute importance historique. C’est aussi un site touristique et un lieu de guérisons. Le couvent a toujours été un lieu de pèlerinage très couru par toutes les communautés. »

Avec l’aide d’Abdul Salam, Fraternité en Irak est déterminée à faire son possible pour que Mar Behnam redevienne ce joyau du patrimoine irakien !

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