Jeevon, propriétaire du premier café à Batnaya après Daech

Jeevon, propriétaire du premier café à Batnaya après Daech

PORTRAIT- Jeevon est le premier habitant revenu vivre à Batnaya, dans la plaine de Ninive, depuis la libération. Grâce à vos dons et au programme de relance économique de Fraternité en Irak il a aussi pu rouvrir le café qu’il y tenait avant Daech.

Jeevon est un jeune chrétien chaldéen de 26 ans qui a grandi à Batnaya, cette ville de la plaine de Ninive, à quelques kilomètres de Mossoul. Son papa est atteint d’une maladie chronique qui a obligé Jeevon à prendre très tôt en charge ses parents et ses deux sœurs. Dynamique et entreprenant, il avait ouvert un café où chacun se plaisait à venir pour boire le thé tout en jouant aux dominos.

En 2014, Daech gagne du terrain et se rapproche dangereusement de la ville de Batnaya. Jeevon prend alors soin de mettre sa maman et ses sœurs à l’abri. Il revient ensuite auprès de son père dans cette ville qui leur est si chère. Ce n’est que quelques heures avant l’entrée du groupe Etat Islamique dans la ville, au mois d’août, que Jeevon et son père se décident à fuir, abandonnant ainsi leurs biens, leur maison et le café… Durant 5 ans, sa famille et lui sont obligés de rester en zone kurde. Ils se sont installés à Tell Kief, localité voisine située à seulement quelques kilomètres de la ligne de front.

En octobre 2016, la bataille fait rage à Batnaya entre les Peshmergas (combattants kurdes) et les djihadistes de Daech. La ville est finalement libérée mais les dégâts sont incommensurables. Plus de 80% des maisons sont détruites et toute la ville a été minée. Le retour des habitants chez eux semble alors un défi difficile à remporter…

Malgré cela, en juin 2019, Jeevon et sa famille sont les premiers à revenir s’installer à Batnaya. Ils rénovent par leurs propres moyens leur maison, avant de passer plus d’un mois, seuls dans cette ville fantôme. Au fur et à mesure ils font des émules : d’autres familles sont revenues peu à peu, et un supermarché, tenu par un très jeune homme Deever, a même pu rouvrir dès la fin de l’été 2019 grâce au programme de relèvement économique mené par Fraternité en Irak.

La vie reprend doucement. Pour preuve, en journée, beaucoup d’hommes et de jeunes se réunissent sur les trottoirs pour parler et fumer le narguilé. Il manquait encore un lieu pour que les habitants puissent à nouveau se réunir et redonner à la ville sa convivialité.

Jeevon, au moment de l’achat du matériel nécessaire à la réouverture de son café

 Jeevon, fort de son expérience passée, a souhaité ouvrir un nouvel établissement. Mais impossible de se lancer dans l’aventure faute de fonds suffisants, il a donc candidaté pour bénéficier du programme de relance économique de Fraternité en Irak. L’équipe en charge de l’étude et de la sélection des projets à soutenir, convaincue par sa détermination a décidé de l’aider à ouvrir ce nouveau café, signe d’un retour à la vie normale dans cette ville meurtrie.

Le café de Jeevon lui était toujours à l’abandon, Daech ayant pillé et détruit tout ce qui s’y trouvait : plus de toit, tout est effondré à l’intérieur, des gravats…. Seuls trois murs tenaient encore debout… Jeevon ne s’est pas laissé démonter et a choisi d’installer son café dans un local prêt à l’accueillir ou presque : le financement apporté par Fraternité en Irak, sous forme de prêt à 80% et de don pour les 20% restants, lui a permis d’acquérir le mobilier nécessaire : chaises, tables, rideaux, vaisselle et tapis, mais aussi jeux de société et narguilés ! Il a fallu aménager le local tapis et rideaux, et refaire les vitres et l’installation électrique pour la réouverture de ce lieu de vie, situé… dans le même bâtiment que Deever, le propriétaire du supermarché qui a rouvert grâce à vos dons !

Merci pour votre soutien à ces jeunes entrepreneurs qui sont l’avenir de leur ville et de leur pays !

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