Bombardements turcs sur le village chrétien de Sharanish, que s’est-il passé ?

Bombardements turcs sur le village chrétien de Sharanish, que s’est-il passé ?

by Fraternité en Irak Actualité Urgence

ACTUALITE – Samedi à minuit, le village chrétien de Sharanish a été visé par un bombardement de l’armée turque. Fraternité en Irak connaît bien ce village et ses habitants et continuera à les soutenir. Le point sur la situation avec Abouna Johnny Daoud, le curé de la paroisse dont dépend Sharanish.

Fraternité en Irak : Sharanish a été bombardé dans la nuit du 16 au 17 janvier, pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé précisément ?

Abouna Johnny Daoud : Le 16 janvier vers minuit les habitants de Sharanish ont été réveillés par le bruit d’un bombardement très violent au point que beaucoup de fenêtres du village ont été soufflées. Ce bombardement a duré pendant deux longues heures. Pendant ces deux heures les habitants ont vécu dans l’angoisse de recevoir une bombe sur leur maison.

FEI : Où sont tombées les bombes de l’armée turque ?

Abouna Johnny : Vous voyez où se trouve l’église de Sharanish. Et bien les bombardements ont visé plusieurs maisons à 100 mètres au dessus de l’église. C’est tellement proche du cœur du village que tout le monde a cru que le village était touché pendant le bombardement. Heureusement, aucun habitant n’est mort ni n’a été blessé. 

FEI : À 2h du matin, en pleine nuit, quelle a été la réaction des habitants de Sharanish ?

Abouna Johnny : Le village est en montagne, il y a de la neige. En pleine nuit, plusieurs dizaines d’habitants ont préféré fuir vers Zakho ou vers d’autres villages un peu en dessous. Ils ont tous été effrayés par la violence de ces bombes. Vraiment cela les a terrorisés. Il faut aussi s’imaginer les conséquences concrètes pour les habitants : avoir ses vitres cassées alors qu’il y a de la neige dehors ce n’est pas vivable.

FEI : Quelle est la situation aujourd’hui à Sharanish ?

Abouna Johnny : C’est dramatique, les habitants ont été tellement traumatisés qu’ils ont préféré partir. Aujourd’hui Sharanish est quasiment vide, seuls quelques hommes sont restés pour garder le village. 53 familles comptant des vieillards et des enfants sont parties. Parmi elles, il y a 14 familles qui avaient fui la plaine de Ninive et qui sont donc hélas réfugiées une deuxième fois. Il y a aussi 4 familles yézidies. Les autres familles sont des habitants de Sharanish. Ils avaient accueillis des réfugiés dans leur village. Les voilà chassés à leur tour par la peur de nouveaux bombardements de l’armée turque…

FEI : Comment avez-vous réagit quand vous avez appris ce bombardement ?

Abouna Johnny : Très tôt le matin nous sommes allés avec le bus de la paroisse pour emmener les personnes qui étaient restées dans le village, principalement des familles réfugiées de la plaine de Ninive qui n’ont pas de voiture. Depuis nous nous occupons de les installer dans les villages alentours. Certaines y ont de la famille, d’autres ont besoin de notre aide. Le Patriarche Louis Sako, qui a protesté officiellement contre ce bombardement, m’a annoncé qu’il avait débloqué une aide financière spéciale pour ces familles. Nous lui en sommes très reconnaissants.

FEI : Pensez-vous que les familles vont pouvoir rentrer bientôt ?

Abouna Johnny : C’est difficile à dire. Beaucoup sont encore traumatisées par le souvenir de ces bombardements. Il va falloir un peu de temps pour que ces familles se rassurent.

Fraternité en Irak en lien avec le Père Johnny Daoud, curé de cette paroisse, va continuer à soutenir les familles de Sharanish (pour lesquelles des produits d’hygiènes et des habits chauds avaient notamment été livrés). Nous vous tiendrons informés des prochaines étapes pour les habitants de Sharanish.