À Qaraqosh, Adnan travaille le bois de l’espoir
PORTRAIT – Fraternité en Irak continue de financer les artisans de son programme d’aide aux entrepreneurs de la plaine de Ninive. A Qaraqosh, Adnan, menuisier bois, a courageusement retrouvé le chemin de son atelier, qui enregistre chaque jour de nouvelles commandes !
Adnan Khader a le bois dans le sang. Ce père de trois garçons, originaire de Qaraqosh, le manie depuis l’âge de 10 ans. Il s’est initié à la menuiserie d’abord chez son oncle. Au fil des années et de la pratique, Adnan a pris de l’assurance et a décidé d’en faire son métier. Il est même allé jusqu’à fonder sa propre entreprise qui n’a cessé de grossir. Avant 2014, sa menuiserie permettait de faire vivre 17 familles en plus de la sienne !
Adnan au travail à Erbil en attendant de regagner son atelier de Qaraqosh
Après l’exode, le retour au travail malgré tout
La nuit du 6 août 2014, lorsque Daech s’est emparé de la plaine de Ninive, Adnan a fui la ville en quelques heures comme tous les habitants de Qaraaosh pour se réfugier à Erbil, au Kurdistan irakien. Cet événement tragique n’a pourtant pas entamé sa détermination à poursuivre son métier, même dans des conditions précaires. Adnan travaille depuis presque trois ans dans un atelier de fortune, sous une simple tente dans le centre de déplacés d’Ashti, à Erbil. Pour lui, il était important de ne pas perdre la main, et surtout de faire profiter de son savoir-faire aux autres déplacés. De fait, Adnan sait tout faire : la menuiserie extérieure pour les portes et fenêtres, les meubles et même la décoration des plafonds !
Ci-dessus, l’atelier de Qaraqosh en cours de réaménagement.
Rentrer pour reconstruire
Adnan n’a donc pas hésité longtemps à envisager le retour à Qaraqosh quand cela a été possible. Fraternité en Irak a décidé de l’aider à amorcer la reprise de son activité indispensable à la reconstruction des maisons de la ville ! Malheureusement, sa maison fait partie des rares à avoir été bombardées à Qaraqosh. Il n’est donc pas envisageable pour lui de rentrer chez lui. Adnan n’aura pas d’autre choix que de louer une maison à une famille irakienne ayant quitté le pays… Mais priorité au travail ! Son atelier ayant lui aussi souffert du bombardement, Adnan loue un local sur un des axes principaux de la ville. L’ensemble de son matériel a quant à lui été pillé par Daech… Dans sa fuite, Adnan n’avait emporté que quelques outils légers. L’ensemble de ce qui est resté a été détruit.
Pour reprendre le travail, Adnan a besoin d’outils spécifiques et parfois onéreux. Grâce au système de don et de prêt du programme de Fraternité en Irak, Adnan a pu racheter tout un lot de scies professionnelles (scie circulaire sur table, scie à ruban pour bois, scie sauteuse, …), mais aussi des rabots, un pistolet à clous ou encore une perceuse. Sans oublier l’aspirateur pour que l’atelier reste propre en toutes circonstances, et un générateur pour ne pas être gêné par la fourniture d’électricité plus qu’aléatoire ces temps-ci à Qaraqosh.
Déjà une vingtaine de maisons retapées
Malgré ces infrastructures primaires encore défaillantes, le retour des habitants de Qaraqosh dans leur ville est bien engagé. Adnan travaille dans une rue fréquentée, et les passants s’arrêtent volontiers à l’atelier pour passer commande ! Le rythme de travail commence ainsi à être soutenu, pour son plus grand bonheur !
Adnan emploie cinq personnes en tout : deux à l’atelier et trois pour les travaux dans les maisons. Il a ainsi déjà retapé une vingtaine de maisons : principalement les portes et leur encadrement. Adnan est très sensible à son rôle de pionnier de la reconstruction : « je souhaite de tout mon cœur collaborer à la réhabilitation des maisons des familles qui rentreront bientôt ». C’est tout le but du fonds dédié à la reprise économique de la plaine de Ninive de Fraternité en Irak.
