A Shaqaq, Bassima a retrouvé un logement et le sourire grâce à Fraternité en Irak

A Shaqaq, Bassima a retrouvé un logement et le sourire grâce à Fraternité en Irak

PORTRAIT – Dans ce quartier pauvre de la périphérie de Qaraqosh, Fraternité en Irak rénove des centaines d’appartements. Bassima, dont le nom signifie « la souriante », en a bénéficié. Heureuse d’être de retour chez elle, elle témoigne.

A l’entrée du quartier de Shaqaq, Bassima hèle l’équipe de volontaires de Fraternité en Irak. C’est justement l’heure du thé chez elle. Entre deux verres brûlants et très sucrés, cette mère de six enfants et neuf fois grand-mère évoque son retour dans sa ville d’origine après trois ans d’exil.

Chassés de Qaraqosh par Daech

Chassés par Daech de Qaraqosh en 2014, elle et sa famille se sont réfugiés à Ankawa, le quartier chrétien d’Erbil. Ils se sont réinstallés définitivement à la fin de l’année 2017 plusieurs mois après la libération de la ville. Mais dès fin juin 2017, Bassima s’est courageusement attaquée à effacer les traces du saccage opéré par Daech dans son logement comme chez tant de ses voisins. Effectuant de nombreux allers-retours entre Erbil et Qaraqosh, elle a passé le mois de juillet à nettoyer son appartement et préparer la rénovation.

De fait, deux semaines ont suffi pour remettre à neuf le trois pièces de Bassima : peinture, fenêtres,etc. fin septembre, c’était terminé. Elle a ensuite été remboursée intégralement du coût de ces travaux par Fraternité en Irak selon le principe du programme initié par l’association : les habitants rénovent eux-mêmes leur appartement et Fraternité en Irak rembourse ensuite les frais engagés et estimés en début de chantier. Guillaume, l’architecte de Fraternité en Irak a ainsi estimé le coût des travaux de l’appartement de Bassima à 835 $.

De retour à Qaraqosh

Mais la jeune grand-mère a mis tant de cœur à l’ouvrage qu’une mésaventure a retardé son installation : « je suis tombée, raconte-t-elle, en refaisant mon appartement, je me suis cassée la cheville. Je suis restée allongée pendant trois mois. » Bassima en a vu d’autres. A 16 ans, elle s’est mariée avec un militaire. Six mois plus tard, celui-ci était fait prisonnier. Il passera 11 ans en prison. Alors enceinte de leur premier enfant,  elle a tout assumé seule grâce à son salaire d’aide-cuisinière.

Peu après le retour de son mari, des jumeaux sont nés et trois filles ont suivi. La dernière, Hala est là chez sa mère avec ses deux jeunes enfants pour partager le thé. Son appartement a lui aussi été brûlé. Même les fenêtres ont fondues ! Il fallait aussi refaire l’électricité, et c’est ce à quoi s’est attelée Fraternité en Irak à l’été 2017 en prévision du retour prochain des familles du quartier.

Bassima est aujourd’hui veuve, son mari est mort d’un cancer il y a 5 ans. Aussi est-elle reconnaissante d’avoir pu rénover son appartement aussi rapidement. Sur le seuil de son foyer chaleureux et accueillant, elle se confie avec une légère amertume teintée d’espoir : « Toute ma vie n’a été que souffrance et travail. Mais je rends grâce à Dieu. »

Comme Bassima et les siens, plus de 200 familles ont déjà bénéficié du programme de rénovation du quartier de Shaqaq. Fraternité en Irak espère pouvoir reloger décemment la centaine de familles restantes, qui attendent de se réinstaller.

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