Quelle joie de retrouver Qaraqosh, vivante, comme avant.

Quelle joie de retrouver Qaraqosh, vivante, comme avant.

PORTRAIT – Marie est volontaire pour Fraternité en Irak depuis les débuts de l’association. Elle est partie en mission une fois par an depuis 2012. Elle était à Qaraqosh, en mai dernier. De quoi mesurer le courage des familles et partager leur joie d’avoir retrouvé leur ville.

Comment dit-on « avion », en arabe ? Taïra ! Comment dit-on « Demain » ? « Ghadan ! »

Assise sur les marches de l’escalier menant à un petit appartement au coeur du quartier populaire de Shaqaq, dans la ville chrétienne de Qaraqosh, Marie, volontaire pour Fraternité en Irak, reçoit un  cours d’arabe improvisé par Youssef, un jeune habitant. En France, Marie est institutrice, mais ce jour-là, c’est elle qui se transforme en élève ! Le petit professeur aux boucles brunes n’est pas un inconnu. Youssef, Marie l’a rencontré pour la première fois il y a six ans, en 2012, lors d’une précédente mission de Fraternité en Irak. A l’époque, l’association avait organisé des olympiades, pour les enfants. Depuis, le jeune garçon a bien grandi. Ce qui réjouit Marie.

Youssef, 2012

Cours d’arabe improvisé par Youssef, 2018

Loin des yeux, loin du coeur, affirme l’adage.

Totalement faux, quand on parle de la jeune femme. Bénévole à Fraternité en Irak depuis les débuts de l’association, en 2011, elle est partie sept fois en mission en Irak. Ce pays, elle l’a connu avant, pendant et après Daech. La ville de Qaraqosh, Marie mourait d’envie de la retrouver. « J’attendais ce moment depuis longtemps. Presque autant que les Irakiens ! » sourit-elle. « La dernière fois que je suis venue à Qaraqosh, en février 2017, la ville était presque vide. » Elle n’avait été libérée que quatre mois plus tôt, en octobre 2016. Et avant de partir, les islamistes avaient mis le feu à la cité. « Dans les rues désertées, seuls quelques électriciens étaient en train de travailler à réinstaller les fils électriques. On entendait, au loin, les bombardements et les tirs sur Mossoul ouest, le bastion que l’armée irakienne tentait de reprendre à l’Etat Islamique. » Alors « quelle joie de retrouver Qaraqosh vivante, comme avant ! »

Ce qui a touché Marie ? « Le bonheur qu’éprouvait chacun d’avoir retrouvé son village et sa maison. » Bien sûr, la ville porte encore les stigmates du passage de Daech (bâtiments à terre, façades carbonisées, églises tagguées), mais « on les oublie presque tant la ville est animée ! » constate-t-elle. « Le quartier de Shaqaq a retrouvé des couleurs, grâce aux façades et aux appartements rénovés par Fraternité en Irak. Assister à la messe dans les églises brûlées est vraiment le signe que les jihadistes n’ont pas vaincu. La vie, l’espoir, sont toujours les plus forts ! »

Youssef et Savio jouent avec une charrette à Ankawa, 2014

En 2012, Marie avait fait la connaissance d’une famille : Youssef, Savio, Mariam et Rita. En octobre 2014, trois mois après l’invasion de Daech qui les avait contraint à fuir leur appartement de Shaqaq, Marie les avait recroisés par hasard, alors qu’ils venaient d’emménager dans une caravane, posée dans camp de déplacés, à Ankawa, le quartier chrétien d’Erbil, la capitale du Kurdistan irakien. «Je les ai reconnus ! Le papa était en train de fabriquer une espèce de charrette pour amuser ses enfants. Nous avions joué avec eux !»

Cette année, de retour à Shaqaq avec Fraternité en Irak, nouvelle surprise ! En se rendant au chapelet, qui Marie rencontre-t-elle ? Savio, Mariam, Rita ! « J’ai ressenti une grande joie », se souvient-elle. Et beaucoup de soulagement.

Retrouvailles avec Youssef, Savio, Mariam et Rita, 4 ans après.

Aujourd’hui, comme hier, le courage de ces familles irakiennes impressionne Marie. “Elles ne lâchent rien. Elles vont de l’avant ! Leur foi chrétienne est toujours aussi fervente ! L’hospitalité reste leur marque de fabrique. Les enfants se jettent toujours autant dans nos bras dès que nous franchissons le portail des maisons. Je suis frappée par la simplicité, la spontanéité avec laquelle nous sommes invités à boire un thé ou manger un morceau en famille. »

Volontaires de FEI invités dans une famille irakienne

En Irak, les volontaires vivent de beaux moments de partage. « Ronak, une mère de trois enfants que j’avais rencontrée en 2013, à un cours de couture financé par FEI, puis que j’avais retrouvée au milieu des tentes d’un camp du HCR (le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU), en 2014, est revenue dans son appartement de Qaraqosh. C’est là que, devant une tasse de thé, elle m’a appris le Je vous salue Marie, en syriaque. Qu’elle m’a montré avec fierté le dernier vêtement qu’elle avait cousu : la tenue d’école de son petit dernier, Dany, que nous avions connu tout petit ! Avoir retrouvé ses familles est pour moi le signe la fraternité que l’on cherche à vivre au sein de l’association. » Les enfants grandissent, le temps passe. Les liens tissés restent.

Temps de partage avec Ronak et ses enfants

Aidez les chrétiens de Qaraqosh à retourner vivre chez eux !

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