Le pape en Irak : un voyage miracle !

Le pape en Irak : un voyage miracle !

RECIT – Du pèlerinage à la cathédrale martyre de Bagdad à la prière des enfants d’Abraham à Ur, des ruines de Mossoul à la grand-messe au stade à Erbil, en passant par la joie à la cathédrale Al-Tahira de Qaraqosh, les moments forts du voyage papal en Irak n’ont pas manqué ! Fraternité en Irak a eu la chance de participer à la majorité d’entre eux. En voici un résumé.

C’est une image qui donne les larmes aux yeux tant elle est porteuse d’espoir. Ce 5 mars, la porte de l’avion s’ouvre et c’est le pape François qui est en descend. « Cette fois, il est bien là ! » s’exclament les amis Irakiens avec qui nous suivons, à Bagdad, l’arrivée du Saint-Père. Beaucoup craignaient que, comme Jean-Paul II avant lui, François ne puisse pas venir, la pandémie de coronavirus et l’insécurité ayant fait planer le doute jusqu’au bout.

Le pape à la cathédrale Saydat al Najat de Bagdad… en dessin et en vrai !

Peu après son arrivée, le pape s’est rendu à la cathédrale Sayedat-el-Najat, symbole du martyr des chrétiens d’Irak. C’est là qu’en 2010, un attentat en pleine messe a fait 47 victimes. Un événement qui a traumatisé durablement les chrétiens et provoqué l’exil de dizaines de familles. « Pour Fraternité en Irak, cette visite était d’autant plus émouvante que c’est cet attentat qui nous a réveillés, nous Français, nous poussant à nous interroger sur la manière de soutenir ces chrétiens », témoigne Faraj Benoît Camurat, directeur général de l’association. Devant les évêque et religieux venus l’écouter, il a fait mémoire de ces martyrs et rappelé que « l’incitation à la guerre, les attitudes de haine, la violence et l’effusion de sang sont incompatibles avec les enseignements religieux ».

De fait, et dans la lignée de l’encyclique Fratelli Tutti (Tous frères), ce message a été le fil rouge de la visite. À Najaf, le 6 mars, il a partagé cette conviction avec le Grand ayatollah Al-Sistani, autorité de l’islam chiite suivi par 50 millions de fidèles dans le monde et qui a, à plusieurs reprises, soutenu les chrétiens en Irak. Une première rencontre historique ! Puis c’est à Ur, sur la terre d’Abraham et en présence de religieux chiites, sunnites et des représentants de toutes les communautés religieuses qu’il a réitéré son appel à la fraternité. Un moment d’une grande intensité auquel Fraternité en Irak a eu la chance de participer. « Lorsque l’on met ses pas dans ceux d’Abraham, comme que nous l’avons fait à la suite du Pape à Ur, on sent l’immense responsabilité de ne pas s’arrêter en cours de route sur ce chemin exigeant qu’est la fraternité avec nos frères irakiens », explique Faraj Benoît Camurat.

La rencontre historique d’Ur. A gauche, François avec le « Pape » des Mandéens, que Fraternité en Irak connaît bien.

C’est enfin au cœur de l’enfer de Daech, qui a régné dans la région de 2014 à 2017, que le pape s’est rendu le dimanche 8 mars. À Mossoul, dans les ruines de la vieille ville, l’homme en blanc incarnait par sa présence cette espérance que le mal n’a pas le dernier mot. Si les chrétiens ne sont qu’une poignée à s’être réinstallés dans l’ancien « califat » de Daech, ils sont beaucoup plus nombreux à être rentrés à Qaraqosh, la ville chrétienne de la plaine de Ninive où le pape François s’est rendu ensuite. Quelle joie dans les rues en l’attendant !

Et quelle émotion de voir le Saint-Père dans la cathédrale Al-Tahira que nous connaissons bien, où nous avons assisté à tant de fêtes depuis 2012, puis que nous avons vu saccagée, incendiée après Daech et enfin entièrement restaurée. Jean Vallette d’Osia, le directeur adjoint de l’association avait été un des premiers à y rentrer après sa libération pour y déposer, avec un prêtre de Qaraqosh, une icône de la Vierge. Cet enthousiasme des chrétiens de Qaraqosh témoigne à lui seul de la résilience dont sont capables les chrétiens d’Irak, si souvent persécutés dans leur histoire.

François à la cathédrale de Qaraqosh

Que peut changer la visite de François ? À court terme, elle ne va pas régler tous les problèmes du pays, mais elle a été un grand moment de joie et d’unité pour tous les Irakiens, quelle que soit leur religion. À plus long terme, elle offre un réconfort et un appui à tous les hommes de bonne volonté qui œuvrent en faveur de la paix. « Vous n’êtes pas seuls », leur a dit le Pape François. Maintenant qu’il est reparti, c’est aux Irakiens et à nous, en tant que frères, d’agir là où Daech a tenté de semer de la mort pour que la vie puisse reprendre racines.

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