Dans Bartella ravagée, Waseem le tapissier remet le pied à l’étrier

Dans Bartella ravagée, Waseem le tapissier remet le pied à l’étrier

Waseem tapisse à nouveau les fauteuils et canapés des habitations de Bartella, grâce au programme de relance économique lancé par Fraternité en Irak dans la plaine de Ninive.

Deux machines à coudre, dont l’une est toujours protégée par son cellophane. Un générateur. Un compresseur, pour tendre et fixer le tissu.  Une chaise. Des outils. Et beaucoup de créativité…. Voilà ce qu’il a fallu à Waseem pour relancer, depuis février, son entreprise de fabrication de coussins pour canapés et fauteuils, située dans la ville de Bartella, à une vingtaine de kilomètres de Mossoul. Il a, comme 38 entrepreneurs avant lui, bénéficié du programme de soutien aux artisans des villes de Qaraqosh, Bartella et Bashiqa, que Fraternité en Irak a conçu et développé pour leur permettre de racheter leurs outils de travail et ainsi reprendre leur activité.

Pour l’heure, c’est sa maison, tout juste rénovée, qui lui sert d’atelier, le précédent ayant été brûlé par les hommes de Daech, avant qu’ils quittent la ville en octobre 2016. L’artisan a tout perdu : son matériel et tous les fauteuils qu’il était à l’époque en train de réaliser. De l’ancien local, ne reste qu’un plafond et des murs noircis ainsi que des gravats.

Sous Daech, à quoi son atelier servait-il ? Waseem, longtemps réfugié à Erbil, préfère ne pas le savoir. Désormais il veut penser à l’avenir. Et à ces commandes qui l’attendent ! Un charpentier est en train de fabriquer les structures de cinq canapés que Waseem va rembourrer et tapisser dans les dix jours. Sur son plan de travail, des échantillons de tissus et une paire de ciseaux indiquent que les affaires reprennent.

Fraternité en Irak lui a octroyé un prêt pour qu’il puisse acquérir les outils nécessaires à la réfection des tapisseries des canapés, sièges et autres fauteuils qui garnissent les intérieurs irakiens. Ainsi, il a pu notamment racheter les machines à coudre indispensables à la réalisation de ces meubles, les ciseaux de différentes tailles, une table de travail assez solide, les perceuses adéquates et un petit générateur pour faire fonctionner le tout.

Ci-dessus, le générateur financé par Fraternité en Irak. A gauche, une machine à coudre.

Même si le marché reste encore calme, pour le moment, en dépit des nombreuses maisons dégradées par Daech, qu’il faut réaménager. « Avant Daech, raconte Waseem, j’avais une bonne clientèle, fidèle, que j’essaie de recontacter. Mais c’est compliqué car pour l’instant, les gens ont moins d’argent et préfèrent par conséquent acheter des meubles moins chers. » Sans compter que certains acheteurs potentiels ont suspendu tous leurs projets, en attendant la tenue des élections législatives irakiennes, en mai. D’ici là, règne encore trop d’incertitude. Il faudra du temps, et de la patience, pour que l’économie retrouve son niveau d’autrefois.

Mais il essaie, Waseem. Sur le groupe Facebook de la ville de Bartella, il partage des informations sur son entreprise, pour tenter d’attirer de nouveaux clients. Pour se rassurer sur ses capacités, il raconte que des amis, partis s’installer en Europe plaisantent souvent à son propos, en lui disant : « si tu venais t’installer en Allemagne, en France, aux Etats-Unis, les marchands de meubles auraient de quoi s’inquiéter. Tu es tellement bon que tu leur ferais de la concurrence ! »

Petit à petit, Waseem reprend confiance. Dans la cour de sa maison, des bancs d’église abîmés attendent d’être restaurés. Dans son téléphone, il garde la photo de ses jumeaux de dix mois, les craquants Rodrick et Roger. Rien que pour eux, pas question de flancher !

Comme Waseem, ils sont nombreux à attendre un prêt pour racheter leurs équipements pillés par Daech. Fraternité en Irak a besoin de vous pour les aider !

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